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  Dossier sur le changement climatique 

 

Peut-on survivre sans énergie fossile? Ces conditions irréalistes donnent lieu à un exercice intéressant.

Le livre de McKay est une exception parmi les ouvrages sur l’environnement en ce sens qu’il n’est pas dogmatiquement contre le nucléaire.

Energie soutenable, sans la propagande: Un livre de McKay

    Cette page contient des remarques personnelles sur un livre concernant l’utilité de l’éolien par rapport à d’autres solutions. David J.C. MacKay. Sustainable Energy – without the hot air. UIT Cambridge, 2008. ISBN 978-0-9544529-3-3. On peut le télécharger gratuitement depuis withouthotair. Ce site donne aussi une traduction en français d'un abrégé du livre.

       Le but du livre de McKay est d’étudier si l’on peut survivre sans aucune énergie fossile, un exercice assez futile sachant que les réserves prouvées de gaz naturel couvrent déjà plus d’une centaine d’années et que les réserves de pétrole prouvées ont été toujours augmentées au cours de l’histoire. Le livre a un meilleur niveau technique que la propagande habituelle mais est loin d’être objectif. Il est une exception parmi les ouvrages sur l’environnement en ce sens qu’il n’est pas dogmatiquement contre le nucléaire.

       Le livre démolit les arguments les plus stupides des pro-éoliens (le « hot air ») mais il reste très influencé par leur propagande envahissante. Le livre utilise des arguments de Greenpeace qui ne sont guère scientifiques comme le prix du démantèlement du nucléaire (civil et militaire).

       Le livre se laisse piéger par la définition des oiseaux victimes de l’éolien. S’il est vrai que les moineaux tués par les éoliennes sont nombreux, cela est indépendant de la disparition des espèces rares (rapaces et chauve souris) tuées par les turbines. Les maladies transmises par des moustiques sont de plus en plus variées et dangereuses, bien que la malaria est de mieux en mieux combattue.

       Le livre reconnaît que le coefficient de charge des éoliennes est de 22% au Danemark et en Hollande et de 19% en Allemagne (page 267) mais il utilise le chiffre de 33% en Angleterre, bien qu’à un autre endroit il signale qu’il n’est que de 30% sur un « bon » site anglais. Le chiffre de 33% est repris partout pour les totaux généraux de l’éolien que le livre calcule pour le monde entier. Une étude récente a montré que le coefficient de charge n'est que de 24% en Angleterre, une des région les plus ventées du monde. Le plan anglais (page 215) installe les éoliennes on shore sur des crêtes près des côtes, là où elles détruisent le mieux les paysages. La discussion neutre sur l'éolien souffre (en page 187) du choix d'exemples peu représentatifs, par exemple, le mois le plus venteux.

       Les centrales de backup (vu l’absence de carburants fossiles) sont des stations de pompage. Le Danemark fonctionne actuellement en profitant de vastes STEPs en partie naturelles dans les fjords de Norvège. En Suède, les STEPs sont en fait utilisées comme compensateur journalier du nucléaire comme en Belgique. Le rendement de 75% des STEP est signalé mais n’a pas l’air d’être pris en compte dans les calculs globaux.

      Le livre calcule qu’il faudrait une capacité de STEP de 1,2 TWh en Angleterre pour une puissance éolienne de 33 GW. L’Angleterre n’a actuellement que 30 GWh de STEP (localisés en Écosse), soit 2,5% de ce qui sera requis. Comme l’Écosse a des vallées comme en Norvège, le livre pense qu’on pourrait y construire beaucoup de STEPs. Ces énormes travaux peuvent détruire des sites naturels (comme le Loch Ness, page 194) si l’on doit y construire 40 fois plus de STEPS incluant des réservoirs en hauteur. Le prix de construction d'un barrage est un élément crucial pour la faisabilité de ce système mais ce point n'a pas reçu d'attention particulière.

      Le système n’est viable que si l’on déconnecte les éoliennes en cas de surproduction, mais le problème administratif et financier d'oublier les promesses stupides jadis faites aux lobbies éoliens (d'accepter l'énergie éolienne dès que l'on la présente) n’est pas signalé.

       Les plans financés par Greenpeace sur l’exploitation du vent en mer du nord (1600 km de lignes HVDC) et sur les centrales solaires en Afrique du nord (lignes HVDC de 2000 km) sont incorporés sans que l’auteur, faute d’avoir comptabilisé les énormes coûts des réseaux et des éoliennes en mer, ne se rende compte que ces élucubrations sont pleines de « hot air ».

       Sans avoir étudié le problème, le livre affirme que les batteries de voitures pourront servir de stockage pour les éoliennes.

      Le calcul des prix est très primaire dans le livre de McKay. On n’inclut que l’investissement initial sans tenir compte de sa durée de vie, ni de ses frais de fonctionnement et d’entretien. Le coût des STEP est fantaisiste, ne tenant pas compte des prix du terrain et de son imperméabilisation. Il n’y a pas d’investissement pour des lignes HT intérieures, alors que les transports d’énergie électrique seront bien plus élevés qu’avec des centrales à flamme ou nucléaire dont l’emplacement était optimisé par rapport aux zones de consommation.

        Le total des investissements pour une solution mondiale est estimé à 1,5 T£ (2 T€ ou 3 T$) selon une étude (faite par Accenture pour le compte de la Barcklay’s bank). Le PIB mondial est de l’ordre de 70 T$.

      Les plan G et E de McKay permettent une vague comparaison du vent et du nucléaire (Page 212). Le prix des éoliennes est 3 fois plus élevé que celui du nucléaire à production égale. Le livre de McKay est une démonstration (involontaire ?) de l’impossibilité d’un plan réaliste basé sur beaucoup de renouvelables.

        Le nucléaire additionné au renouvelable ne devrait donc pas dépasser 33% d’énergie primaire en moyenne, supposant qu’il y a un stockage suffisant. Comme la production venteuse va être très souvent supérieure à la demande, cette énergie devra être stockée en remplissant des STEP avec un rendement de 75% (mais ces STEP ne sont suffisantes nulle part).

     Le plan M prévoit une meilleure efficacité énergétique qui réduirait de 45 % les consommations. Les renouvelables issus d’une utilisation maximale de toutes les ressources sont supposés produire 50% de la demande. Le vent participe pour 88% du renouvelable. Ce qui manque, faute de combustible fossile, serait produit à 50% par du nucléaire et à 50% par du solaire thermique (qui n’était pas inclus dans les renouvelables considérés dans l’étude à ce point). Remarquons que la production électrique de ce plan (17 MWh par an et par personne) est excédentaire par rapport à la demande (7 MWh/an/personne), ce qui se justifie car il faut (faute de ressources fossiles) faire un usage important de l’électricité (43%) pour le chauffage des habitations et des industries.

      Dans le plan M, la biomasse utilise des terres agricoles aux dépens de la production de nourriture. De toutes façons, ce plan M est hors de prix et non réaliste. On ne peut pas construire autant de STEP que requis. L’usage des pompes à chaleur (géothermie) est exagéré. L’énergie solaire en Angleterre (et en Belgique) a un très mauvais rendement. Le sol dense de la Belgique devrait être couvert d’éolien, ce qui rendrait inhabitable un grand nombre de maisons de campagne et perturberait le tourisme.

       Ce plan n’est d’ailleurs pas nécessaire car il n’y a aucun besoin urgent de ne pas utiliser les ressources fossiles disponibles et abondantes.

       L’énergie primaire et sa transformation en énergie électrique dans les usines génératrices n’est pas claire. La cohérence entre énergie primaire pour produire de l’électricité et électricité produite, toutes exprimées en MWh, prête à confusion et mériterait un développement plus rigoureux, tenant compte de rendements.

       Les 3 formes d'électricité : intermittente, de base et à la demande, sont souvent confondues, ce qui est intentionnel dans les documents des lobbies de l’énergie renouvelable mais ne devrait pas être mélangé dans un livre qui aspire au sérieux.

      Le livre estime des vitesses de vent de l’ordre de 6 m/s en Angleterre. La vitesse moyenne normale du vent est de 3,5 m/s à Uccle. (3,23 m/s en 2010). Le vent est plus fort au littoral et moins fort en Wallonie mais les politiciens du Sud sont moins résistants aux avantages que leur procurent l’éolien, ce qui serait une explication du fait étrange qu’il y ait beaucoup plus de projets éoliens aux endroits les moins favorables.

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